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Frannie "Fran" Icesinger alias Frisca

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Frannie "Fran" Icesinger alias Frisca Empty Frannie "Fran" Icesinger alias Frisca

Message par Frannie Icesinger Mar 25 Sep - 23:50

Nom: Icesinger

Prénom: Frannie (Fran’)

Sexe: F

Âge: 27 d'après ses comptes.

Origine/Nationalité: Concernant Frannie Icesinger, plusieurs origines peuvent être mentionnées sans pour autant que l’une annule la véracité des autres. Cela reste cependant assez complexe, il convient donc de partir du postulat suivant : Frannie a des origines américaines (état du Wyoming) mais a passé le plus clair de sa vie en France.

Taille: 1m72

Poids: 60,7 kg

Apparence physique: Brune (couleur aile de corbeau) aux cheveux mi-longs (en dessous des épaules ou juste au-dessus) à peine ondulés et aux yeux hétérochromes bleu-gris, Frannie a la peau relativement pale et porte le plus souvent des vêtements aux teintes noires, bleues et parfois roses.

Signes particuliers: Les yeux de Frannie peuvent changer de couleur et varier du rouge au bleu-violet sous certaines conditions, tandis que leur éclat se fait plus intense. Elle porte un tatouage de salamandre sur l’épaule gauche.

Caractère général : Contemplative, aventureuse et plutôt bienveillante, Frannie peut parfois se montrer impulsive et irréfléchie mais reste le plus généralement calme et mesurée (tout dépend du contexte, comme pour la plupart des gens). Elle préfère se faire une idée précise de la situation avant d’agir et mettra tout en œuvre pour éviter les conflits, quitte à rompre tout contact si elle juge que la situation l’exige. Elle n’aime pas requérir à l’aide d’autrui, préférant régler elle-même ses affaires dès que c’est possible. Frannie apprécie la lecture, la poésie, la philosophie voire la métaphysique et dispose d’un esprit relativement ouvert.  

Alignement global : Neutre Absolu (Neutre-Neutre ou Neutre Strict). Un personnage neutre n’a pas vraiment de préférence lorsqu’il s’agit de choisir entre le Bien et le Mal ou entre la Loi et le Chaos. Dans la plupart des cas, la neutralité représente une absence de convictions plutôt qu’un véritable dévouement envers l’équilibre (c’est le cas de Frannie Icesinger). Le personnage aurait ainsi plutôt tendance à penser que le Bien vaut mieux que le Mal, car il préfère sans aucun doute que ses voisins ou ses dirigeants se montrent bienveillants plutôt que malveillants. Cela étant, il ne se sent nullement obligé de défendre la cause du Bien, ni en pratique, ni en théorie.
En revanche, chez certains, la neutralité est un choix philosophique. Pour eux, le Bien, le Mal, la Loi et le Chaos sont partiaux et représentent un danger, comme tous les extrêmes. Ils prônent donc l’équilibre, qui leur paraît être le meilleur choix à long terme. Etre neutre permet d’agir naturellement en toute situation, sans se laisser guider par ses préjugés ou ses obligations.

Profession de base : Ingénieure en prospection minière junior (extraction ressources minérales).

Compétences particulières : Là encore, il apparait impossible de décrire d’éventuelles compétences particulières sans tenir compte de contextes bien précis et de ce qui les engendre. Sans plus de précisions, Frannie n'est investie d'aucune compétence remarquable autre que celles détaillées ci-après; elle lit et écrit beaucoup, peut se montrer relativement téméraire, n'a pas peur de se salir les mains et dispose d'une bonne condition physique. Point toutefois notable, elle est formée au port des armures médiévales lourdes (harnois, armure de plates complète) et sait manier certaines armes d'époque, avec une nette prédilection pour les lourds espadons à deux mains.


Prélude:

Je n'aime pas les biographies. Elles donnent souvent une idée erronée de notre passé, comme une vérité absolue et immuable, un rail droit et unique qui ne peut mener qu'à une seule destination. Et comme toute réflexion personnelle, une biographie demeure subjective, par le fait même que les éléments qui y sont retranscrits sont ceux auxquels leur auteur accorde de l'importance. C'est pourquoi je vous en conjure, vous qui lirez peut-être ces lignes: gardez à l'esprit que toute cette encre déversée en ces lieux n'est pas l'essence même de cette vérité absolue. Il ne s'agit là que d'un mélange complexe entre le produit de mes sens, de mes émotions et de ma réflexion personnelle.
Avant même d'entrer dans le vif du sujet, et si bien sûr vous vous sentez prêt à poursuivre votre cheminement à mes côtés, peut-être est-il nécessaire de vous faire part d’une partie de la ligne de conduite et de la logique que j’ai choisi d’adopter (si tant est qu’il s’agisse bien d’un choix), ne serait-ce que pour justifier ce que je n’aurai pas manqué d’écrire par la suite.
Le Doute : ce concept définit parfaitement le parcours tortueux que j’inflige souvent à mes pensées. René Descartes avait raison : "Il n’est de plus grand conseil que celui de déconseiller le doute à la plupart des Hommes, parce que le risque est trop grand qu’ils ne s’égarent pour toute leur vie". C’est, je le crains, de ce doute universel que je me suis vue contrainte de dériver la connaissance d’une éventuelle force supérieure, de moi-même et de tout ce que renferme le monde. Ou plutôt devrais-je dire "les mondes"?
Je suis bien consciente que mes propos peuvent choquer. Le mieux que je puisse faire, c’est de laisser à ceux qui trouveront ces quelques pages la possibilité de se faire leur propre idée sur mon compte.

Mon nom est Frannie Icesinger ou simplement "Fran’" pour ceux qui préfèrent le diminutif couramment utilisé de là d’où je viens… J’aimerai en effet vous convaincre que j’ai ouvert les yeux pour la première fois il y a près de 26 ans, à Cheyenne, dans l’état du Wyoming en Amérique. C’est du moins ce dont j’ai fini par me persuader au fil du temps, car bien que ma mémoire soit entrecoupée de zones d’ombres et floues, d’informations parcellaires et contradictoires, et d’images dénuées de tout contexte, mes premiers souvenirs remontent à cette période : une vision des grands espaces épargnés par la main de l’Homme, des neiges éternelles au sommet des pics rocheux, témoins de l’histoire de notre petite planète, de forêts et de prairies verdoyantes… Mais aussi l’agitation de la grande ville, le ronronnement des moteurs huit cylindres, l’odeur de l’asphalte et de la gomme brulée et celle, tout de même plus agréable, des diners et des fast-foods (bacon and eggs, pancakes au sirop d’érable, oignons frits…). Voici les miettes auxquelles je m’accroche, comme une naufragée à sa bouée de sauvetage, dans le but de reconstruire un passé qui me fait défaut. Et tant qu’à mentionner les lacunes de mon existence, autant que j’en profite pour préciser que je n’ai jamais connu mes parents (et si c’est le cas, ils n’ont visiblement pas mis beaucoup d’entrain pour me retrouver) ni même entretenu d’éventuels liens familiaux plus éloignés. Ceci étant dit -ou plutôt écrit- je reste intimement convaincue que l'on ne peut regretter ce que l’on n’a jamais connu; aussi, il n’est nul besoin de me prendre en pitié ou de ressentir une quelconque forme de compassion à mon égard : la famille qui me manquait alors que je n’étais qu’une enfant s’est construite d’elle-même bien des années plus tard et je persiste à croire qu’il s’agissait de la meilleure substitution qui soit. Aujourd'hui encore, je ne parviens pas à mettre de visage ou de nom sur ceux et celles qui se sont chargés de mon "éducation"; la seule chose dont je suis à peu près certaine, c'est que j'ai eu la chance de ne pas grandir dans la rue comme nombre de malheureux orphelins. Je suppose que je suis en quelque sorte devenue pupille de l'Etat, bien que cela ne soit pas exactement le terme employé aux Etats-Unis. Parfois, des bribes de souvenirs me reviennent et il me semble percevoir une silhouette imposante, massive, un colosse à la voix grave, profonde et autoritaire que j'associe sans doute au tuteur que l'on m'avait attitré, et qui se rapprochait le plus d'une figure paternelle.
Ces éclats de souvenirs, ces fragments de mémoire et ces bribes d'informations ne changeront pas la réalité: de mon enfance, je ne me rappelle rien et bien que j'en sois profondément affectée, une partie de moi-même en est soulagée. Car je ne suis pas dupe: il n'y a pas d'effet sans cause et si je suis dans cette situation, il s'agit forcément de quelque chose d'induit: un traumatisme, un déni de ma propre raison (ou de ce qu'il en reste) ou une incompréhension si intense face à la réalité des faits que mon cerveau se refuse à la concevoir. Des pistes, des suppositions et des hypothèses, j'en ai beaucoup, mais aucune ne me semble plus judicieuse que les autres et même les plus invraisemblables d'entre elles me paraissent désormais possibles. C'est sans doute la raison pour laquelle une partie de moi-même fuira toujours ce passé qu'elle n'a pas connu.

Ce n'est pas en Amérique que je suis devenue celle que je suis et bien que je ne puisse affirmer avec certitude à quelle période de mon enfance j'ai quitté ce continent pour atterrir en France, je sais que c'est dans ce petit hexagone coincé entre la mer, l'océan et les montagnes que je suis sortie de ma torpeur et que ma vie au sens où je l'entends a véritablement commencé. Lorsqu'on me le demande, je simplifie parfois les choses en expliquant que c'est pour mes études que j'ai choisi d'y rester. En réalité, j'avais simplement besoin d'un point de chute pour établir les bases d'une existence que je pensais paisible, et c'est sur la France que j'ai jeté mon dévolu.
Ce n'est bien entendu pas ce que j'ai déclaré aux autorités françaises et ce n'est qu'une fois majeure  et suite à de longs mois de tests, d'interrogatoires et de procédures administratives laborieuses que j'ai été naturalisée, aidée en cela par ceux et celles qui allaient bien vite prendre une place prépondérante dans ma vie, probablement par mon tuteur et vraisemblablement par un petit coup du main du destin (pour ceux qui croient que tout est déjà prédéfini).
Au fond de moi, j'ai toujours eu la sensation que ma rencontre avec les Arpenteurs n'était pas fortuite (je n'invente rien... tel était le nom du petit groupe avec lequel je passais le plus clair de mon temps, celui que chacun des membres le constituant avait fini par adopter, pour la simple et bonne raison qu'il "sonnait bien"). Il ne s'agissait ni plus ni moins que des premières personnes avec lesquelles j'étais parvenue à nouer des liens solides, mes amis, mes compagnons de route... ma famille en quelque sorte. Nous n'étions qu'une petite bande de jeunes gens sans histoires et si cela peut vous rassurer, nous ne fomentions aucune rébellion contre le système établi ou contre quoique ce soit. Nous étions rêveurs, assoiffés de belles histoires, de légendes en tout genre et de débats et réflexions sans fin sur la nature de toute chose. S'il s'agissait d'un défaut, alors j'aime à penser que c'était notre seul tort. Nous nous retrouvions souvent à la sortie des cours et les weekends, d'abord pendant la période du lycée puis plus tard durant nos études. Je pourrai bien m'arrêter là et passer directement aux évènements qui ont suivi l'obtention de mon diplôme en vous laissant penser que mon existence était enfin ensoleillée (et c'était le cas: aujourd'hui encore, je suis convaincue que j'étais heureuse)... mais si vous êtes toujours avec moi, ce dont je doute, alors je vous prie de m'excuser. Parceque je ne peux mentionner ce en quoi je crois, les aventures que j'ai vécu et tout ce qui s'ensuit sans vous emmener encore plus loin hors des sentiers battus.


Frisca l'Arpenteuse:

Evangelyne O'Brien "Fëanáro"; Steve Holloway dit "Widow"; Erwan Lacroix alias "Cold Fusion"; April Mc Tavish; Paul Paincru; Oewine Niahn "Pourpreflèche"... Ces noms sont ceux de mes amis, ceux dont je n'ai plus de nouvelles depuis bien trop longtemps maintenant et encore ne leur ai-je pas tous rendu hommage. Il y en a cependant un qui serait peut-être capable de remédier à tout cela, sans nul doute le plus rêveur et le plus mélancolique d'entre tous.
Realder Descendres. Je me rappelle très bien ce que j'avais écrit dans mon journal à son sujet, il n'y a de cela pas plus d'un ou deux ans, à l'orée d'une forêt noyée par un brouillard perpétuel et murmurant. Realder est changeant, tout comme cette brume: rien n'est jamais blanc ou noir à ses cotés et rien n'est jamais fixé. Il peut se montrer aussi candide et maladroit que distant et assuré, parfois chaleureux et débonnaire ou froid et calculateur. Et puisque ces mots que je suis en train de rédiger sont plus ou moins l'histoire d'une vie - de la mienne -, autant que j'admette ici ce que je n'ai mentionné qu'à demi-mot par le passé. Realder et moi étions ensemble, avec tout ce que cela peut représenter. Notre relation était loin d'être claire cependant (et elle l'est encore moins aujourd'hui puisque d'étranges évènement nous ont séparés l'un de l'autre). Sans entrer dans des détails qui seraient susceptibles de remettre en cause l'entièreté de ma réalité, je ne pense pas me tromper en assurant que le lien qui nous unissait - et qui, d'une certaine manière, n'a pas disparu- se nourrissait de lui-même. Realder faisait surgir en moi une part de ténèbres dont je n'avais jusqu'alors jamais soupçonné l'existence et c'est au sein de celle-ci que je parvenais à trouver le repos et la paix. Notre relation ne s'arrêtait pas seulement à ce plaisant contexte. Parceque Realder et certains de nos confrères disposaient de plusieurs choses que le commun des mortels ne pouvait que désirer.
De l'argent en premier lieu. Pas forcément à outrance mais bien assez pour pouvoir se payer une Ford Mustang Mach 1 de 1969, son plein d'essence et son assurance tout en se prenant pour John Wick sur l'autoroute (et regretter cette décision à la sortie, au moment de payer l'amende pour excès de vitesse). Je dois admettre que je n'ai jamais vraiment compris d'où provenait la petite fortune de Realder mais il ne s'agit là que d'une question subsidiaire lorsqu'on sait avec qui il était en bons termes. Blackmesa... cela ne vous évoque rien? Realder ne répondait d'ailleurs jamais clairement lorsqu'il était question de ce genre de choses, et pour cause. Je me demande même si un seul des Arpenteurs en connaissait les réponses: comment en était-il venu à entrer en contact avec cette société mystérieuse et controversée, pour quel travail était-il rétribué de la sorte (alors qu'il convient de comprendre qu'il ne pouvait pas avoir l'occasion de faire quoique ce soit pour eux puisqu'il passait le plus clair de son temps à étudier avec nous ou à sortir en ma compagnie ou avec les autres Arpenteurs). D'ailleurs, quel besoin avait-il de suivre son parcours d'hydrogéologue à nos cotés puisqu'un avenir bien plus radieux semblait lui tendre les bras? Mon Realder était -est- une énigme. J'ai cessé de me poser ce genre de questions à haute voix lorsque j'ai su que cet argent n'était pas la seule corde dont son arc disposait. Les rares personnes qui ont un jour eu l'occasion de lire le journal que je tenais alors que je m'épuisais à trouver une sortie au Purgatoire qu'était Chernarus (j'y reviendrai par la suite, à votre grand malheur et au mien) ne sauront que trop bien de quoi je veux parler.
Jusqu'à maintenant, je suis parvenue à m'en tenir à de simples faits, bien que ma réflexion soit subjective comme vous pouviez vous y attendre. Mais je crains de ne plus avoir le choix à présent. Comprenez bien qu'il ne m'est guère plaisant de rédiger ces pages en sachant qu'il y a toutes les chances que vous me preniez pour une folle d'ici quelques minutes. Mais je ne puis changer les faits, alors autant en terminer au plus vite.  

Représentez-vous votre vie, depuis que vous êtes venu au monde, comme un chemin duquel vous ne pouvez vous détourner. A présent, imaginez que chacun des choix que vous avez dû faire, même le plus infime ("Quelle casquette vais-je porter aujourd'hui, la bleue ou la rouge?") est un croisement entre deux, trois, voire une multitude de voies supplémentaires. Vous seriez tenté d'en choisir une pour ne plus jamais pouvoir retourner en arrière, et vous auriez raison puisque je ne vous ai pas laissé le choix. Mais supposez maintenant que cela soit possible: retournez donc en arrière en pensant que vous êtes en train d'effacer l'histoire pour réécrire votre avenir sans limites. Félicitations: vous contrôlez désormais ce concept que nous appelons "le Temps". Mais cela n'est pas suffisant. Prenez désormais une grande inspiration, fermez les yeux... et sortez des sentiers battus: vous n'êtes désormais plus tributaire du chemin aux ramifications multiples qui vous étouffait. Libre de toute attache, vous êtes convaincu que vous maitrisez désormais "la Matière", vous vous déplacez à travers le monde sans effort, passant de chemin en chemin à votre guise. Ramenez désormais ce savoir à une toute autre échelle: que ce chemin soit l'essence même de toutes vos existences (si bien entendu, vous croyez en ce genre de chose et non en une existence unique) et que le monde auquel j'ai fait allusion soit l'Univers tout entier, cet Univers dont on dit qu'il est infini. Et bien je pense, après toutes ces années passées en compagnie des Arpenteurs, que nous somme encore bien loin du compte: ramenons cet univers à une simple bulle de savon en expansion et plaçons-là dans un amas de même nature, sans cesse grandissant. Voici l'une des représentations que je me fais du Multivers, du Pluri-Cosmos comme certains aiment à l'appeler. Je n'ai pas écrit toutes ces lignes pour vous noyer sous le flot de mes hypothèses et de mes tergiversations, mais simplement pour vous laisser entrevoir ne serait-ce qu’un instant, la futilité de l’humanité au sein de cette Infinité Absolue, que notre esprit ne peut prétendre concevoir. Sachez que cela ne revêt aucune importance à mes yeux, ni aux yeux d’aucun des Arpenteurs, où qu’ils soient et quoiqu’ils fassent. Car voici finalement le lien dont je veux vous parler, celui qu’aucun Homme sain d’esprit ne souhaitera vraisemblablement se représenter, ce lien qui -je le crois- a transformé l’arc de Realder Descendres en plate-forme de lancement et les flèches des Arpenteurs en autant d’ogives nucléaires, braquées en direction de tous les coins du Pluri-Cosmos. Il est désormais trop tard pour que je puisse encore effacer ces mots désormais. Je ne puis que vous livrer ma vision des choses, un point de vue subjectif, une parcelle de ce que je vous laisse définir comme une vérité ou comme un mensonge, tant la complexité de ce que j’ai vécu me dépasse.
Attribuer à l’âme nostalgique, tourmentée et mélancolique de Realder le pouvoir de soumettre la Réalité à sa volonté et de manipuler l’Espace et le Temps serait une erreur. Le simple fait qu’il ne soit pas à mes côtés en cet instant en est la preuve irréfutable. Prétendre le contraire ne serait qu’un raccourci : celui qui a su apprivoiser mon cœur est effectivement l’un des engrenages primordiaux de cette Machinerie que je ne saurai qualifier d’infernale ou de divine, mais il n’en est pas le concepteur. Tout ce que je sais, c’est qu’il savait comment s’en servir mais qu’il ne comprenait certainement pas son fonctionnement.

Je l’ai finalement admis et si vous ne parvenez pas à extraire le sens de ma tirade sibylline, laissez-moi donc vous en fournir une version simplifiée quoique moins poétique : Realder Descendres et certains  individus qui le connaissait disposaient - ou disposent toujours - de cette forme de Pouvoir que je me suis évertuée à définir. Celui d’ignorer, sous certaines conditions, les Barrières considérées infranchissables du Temps et de l’Espace. Comprenez-le bien : je n’ai pas écrit ces mémoires que vos yeux parcourent actuellement pour vous convaincre de mon propos. Je ne fais qu’énoncer une partie de ce que je suis persuadée d'avoir vécu. Je doute moi-même parfois de ces images, de ces fragrances, de ces saveurs, de ces sons ou de la douce caresse de l’Ether et des mains de Realder sur ma peau. Après tout, il y aurait de quoi perdre la raison à la simple évocation d’une telle étrangeté. Nous serons cependant en accord sur un point, du moins je suppose : à ceux qui se sont déjà fermés à mon monologue, je leur demanderai ne serait-ce qu’un instant de tenir pour réel ce que j’ai raconté jusqu’à maintenant. Aux autres, je leur prierai de m’accorder leur attention. Je pense que nous pouvons toutes et tous l’imaginer : l’histoire d’une vie n’a plus véritablement de sens dès lors qu’elle ne suit plus que la trame infinie du Multivers. Je me suis efforcée de vous fournir une histoire linéaire de ma petite existence et je pense avoir plutôt bien réussi, du moins jusqu’à ma rencontre avec les Arpenteurs.
Mais je pourrai tout aussi bien vous avertir de ne pas en tenir compte. Car pour qui emprunte un jour les flots du Temps à revers, la notion même de la linéarité de la Vie se perd à jamais. Et qui voyage à travers les Plans ne peut cesser de recommencer sans cesse, comme un plongeur en proie à l’ivresse des profondeurs.
En fouillant longuement dans ma mémoire, je suis presque certaine de pouvoir retrouver ne serait-ce qu’une parcelle de l’enfance que j’ai probablement choisi d’oublier - à moins que cette lacune ne soit justement ma punition pour avoir osé m’aventurer au-delà des Voiles du Pluri-Cosmos. Paradoxes, Constantes, Variables… Je puis me représenter la sensation de porter un harnois, le corps vibrant d’une énergie féroce, la fusée d’une claymore entre les mains, dans l’attente du choc contre l’armure écailleuse d’un dragon, l’une de ces créatures mythique dont le monde que nous connaissons bien est dépourvu. Je puis décrire la terreur sans nom dont j’ai été saisie alors que Celui dont la demeure est R'lyeh la morte émergeait de son sommeil sépulcral pour me jauger de son regard aussi profond que les Abysses dont il est le gardien. Je peux vous murmurer tout cela à l’oreille, tout cela et bien plus encore. Mais il existe un rêve que je souhaiterai oublier, que j’ai réussi à chasser de mon esprit pendant un temps, mais qui revient toujours me hanter tôt ou tard. Et j’aimerai pouvoir vous convaincre que j’effacerai sans hésiter le souvenir de ces incroyables voyages aux côté des Arpenteurs si je pouvais également annihiler celui-ci. Parce que s’il s’agit d’un souvenir et non d’un cauchemar, alors cette expérience efface jusqu’au hasard de mon existence et l’immerge dans une horreur contre nature: je puis ressentir ce que ça fait de mourir et de se voir refuser la paix… Etre éternellement prisonnière d’un état de non-vie, hors du Temps et de la Matière, condamnée à sentir son propre corps se dégrader, flétrir et finalement entrer en putrescence à moins de le gaver de ce que d’aucuns qualifient parfois d’Ether… "Frisca… Mon chef d’œuvre. Va, fraye-nous un chemin à travers les Membranes de la Matière. Tu es la Clé de mon plan, ne me déçois pas." Cette injonction solennelle, je l'entends parfois raisonner au plus profond de moi-même aux petites heures de l'aube, dans un état de demi-sommeil. Et je ne saurai dire si ces paroles ont un jour été prononcées par quelque chose d'autre que les chimères qui hantent parfois nos rêves.

Tant de papier souillé alors qu'il ne s'agit que d'une petite partie de mon existence, que j'estime pourtant relativement courte. Je ne crois pas m'être déjà livrée de la sorte, même au sein de mes journaux, ceux que j'écrivais en Chernarus, et je ne saurais d'ailleurs expliquer ce qui m'a pris d'apposer en ces lieux cette empreinte très personnelle. Voilà du moins de quoi vous faire une idée générale (mais certainement partiellement erronée) de ce qu'a été mon vécu jusqu'à ce que je perde tout contact avec ceux qui m'étaient chers. D'un coté du Voile, une vie somme toute relativement "normale" au sein d'une Réalité que nous partageons... et de l'autre, l'Aventure avec un grand "A", offerte par ceux et celles qui m'avaient accepté parmis eux, qu'il ne s'agisse que d'un hasard ou bien d'une intrigue dont les instigateurs, les objectifs, le fonctionnement et la finalité me sont inconnus.
Avant de plonger au sein de mes souvenirs les plus récents, j'estime cependant qu'il me reste à clarifier quelques... détails; bien que je sois persuadée, à l'heure où j'écris ces mots, que seuls les plus ouverts d'esprits, les plus fous, les plus téméraires - et ceux qui auraient éventuellement baigné eux-mêmes dans les secrets du Macronivers- soient encore disposés à poursuivre leur lecture. C'est donc pour eux que j'écris, sinon pour moi. Un siècle ne pourrait contenir les péripéties que j'ai traversé, linéairement du moins. J'ai cependant déjà mentionné ce qu'il en était: le Temps n'est qu'un concept, et bien que je sois incapable de l'expliquer, j'en suis parvenue à la conclusion qu'il pouvait se courber, se rétracter, et s'étirer, à l'image de la corde de caoutchouc d'un lance-pierre. Parmis la multitude d'éléments que j'ignore, il en est cependant un qui s'avère primordial et dont je ne puis apporter que très peu de précisions: Les Arpenteurs ne seraient jamais parvenus à leurs fins sans une aide extérieure, et cela, mon mélancolique Realder l'affirmait lui-même. Je suis intimement convaincue que Blackmesa est le pivot central de toute cette histoire (après tout, lorsque l'on maitrise les nouvelles technologies, et que nos principaux axes de recherches concernent le quantique, la biologie, la physique et tout ce qui touche de près ou de loin aux atomes, tout cela devient légèrement plus plausible, quoique toujours incroyable). Néanmoins -et c'est là que le terme "mystico-scientifique" devient approprié- cette inconcevable Mécanique nécessitait également pour son processus diverses denrées dont la nature ne m'est pas inconnue pour la plupart d'entre elles. Et puisque je suis partie du principe d'avoir perdu toute crédibilité à vos yeux depuis un moment déjà, autant que je mentionne lesquelles: en premier lieu, du café; certes, de la meilleure qualité qui soit mais néanmoins seulement et simplement du café, une ressource relativement facile à se procurer sur notre petite planète. Quoique... En second temps, de la roche lunaire broyée: s'agissait-il réellement de ce que ce nom laisse à supposer? Cela ne m'étonnerait guère et c'est bien du style de Realder d'accepter de préparer sa mixture avec l'un des matériaux les plus chers et cancérigènes qui soient, en dépit du bon sens. Mais c'est bien le troisième et dernier ingrédient qui retranscrit l'image même de ma "biographie": un non-sens, la cristallisation matérielle de ce qu'un esprit en proie à la folie ou aux stupéfiants pourrait imaginer. De la "Poussière de Portail": une poudre sépia si fine qu'elle tenait plus du liquide que du solide, aux reflets iridescents une fois mélangée au terrible Café des Arpenteurs. Sans doute pouvez-vous penser ce que vous désirez à ce propos: mais que ces pages trop nombreuses soient le fruit d'un esprit soumis à la drogue ou la vérité universelle et absolue, je puis vous assurer que vous ne pourriez que douter de votre propre doute après avoir ne serait-ce qu'entr'aperçu l'éclat de cette matière. D'après Realder, c'est à un mauvais dosage que je dois la couleur changeante de mes yeux. Voilà bien l'une des seules marques de mon passé dont je dispose encore aujourd'hui et c'est en partie grâce à elle que je ne me considère pas encore complètement folle.  


Seule dans la Nuit:

Je souhaitais vous conter d'une manière détaillée les évènements qui ont suivi cette époque faste et riche en aventures, si perturbante par son étrangeté mais si captivante... Et bien il n'en sera rien: au contraire, je m'efforcerai de ne mentionner que l'essentiel: Chernarus, cette contrée proche de la Russie, qui n'a, de prime abord, rien d'exceptionnel ni même de bien dangereux, est celle où j'ai perdu mes amis les plus proches, mon Realder, et une partie de ce... flux, de cette... énergie qui m'habitait alors. Chernarus; monde brisé, détruit... Probablement un lieu situé à la convergence de multiples Réalités que j'évoquais quelques paragraphes ci-dessus. Ironiquement, c'est dans un cadre on ne peut plus "normal" que nous devions passer quelques temps là-bas, avec une partie des Arpenteurs. Cette fois-ci, pas de Café, pas de Voyage à travers le Temps et l'Espace, simplement nous, la quiétude et l'insouciance. Mes compagnons et moi-même avions décidé de ne plus penser à autre chose qu'au Monde-Clé pendant quelques semaines: je nomme ainsi, par simplification, la Terre telle que nous la connaissons, la planète dont j'estime être originaire. Je venais en effet d'obtenir mon diplôme et de signer un contrat au sein d'une entreprise dont je tairai le nom, au même titre que Real', Eva et Widow (seul Cold se retrouvait sans emploi). Nous nous étions mis d'accord pour un road-trip sur une partie du trajet (jusqu'en Ukraine il me semble) après quoi nous devions prendre le train ou l'avion pour nous aventurer encore plus à l'Est. S'il s'agit bien du même monde, la Mustang 1969 doit d'ailleurs toujours se trouver là-bas, ou plus probablement démolie ou entre les mains de malfrats... Encore un artefact perdu. Quoiqu'il en soit, cette fois-ci, ce sont les ennuis qui sont venus à nous et non l'inverse.
Nombreux sont ceux qui s'accordaient à penser que la source des problèmes que traversaient les pays du Sud de l'ancien bloc soviétique et les contrées environnantes étaient liés à un virus, "EXO". Lorsque nous en avons entendu parler, il était déjà trop tard. Autant l'écrire tout de suite, je n'ai jamais trouvé la cause exacte de ce que j'ai probablement tort de nommer maladie ou infection. Je n'irai cependant pas par quatre chemins: beaucoup de gens sont morts, et la plupart de ceux qui ne l’étaient pas n'étaient rien d'autre que des zombies... Grisâtres, Marcheurs, Rampants, Nécroïdes... Il ne s'agissait de rien de moins que du même type de créatures que l'on voit dans les films pour adolescents pré-pubères, que l'on imagine en lisant certains livres d'horreurs... ou que l'on affronte parfois dans d'autres mondes que celui-ci. Et c'est suite à un mouvement de panique générale provoqué par ces mêmes créatures que j'ai perdu la route de ceux que je n'avais plus quitté depuis que je les avais rencontrés. J'ai échoué en Chernarus après une longue fuite, tout comme Real'. Cela au moins j'en suis certaine puisque j'ai rencontré dans ce Cloaque environné par une Brume délétère, des survivants de toutes origines qui affirmaient avoir cheminé quelques temps à ses cotés ou à minima conversé avec lui: et les informations qu'ils me fournissaient s'avéraient effectivement être en adéquation avec le Realder que je connaissais.
Chernarus... L'Île des Morts: un lieu lui aussi hors du Temps, et cela, d'autres que moi pourraient l'affirmer. Même en supposant que tout ce que j'ai rédigé jusqu'à maintenant ne soit qu'un tissu d'inepties, cela ne changerait pas la réalité de ce Purgatoire infect dont j'étais la prisonnière pendant plus d'un an selon mes comptes. La Chernarussie n’avait pas de frontières: quiconque souhaitait en partir le pouvait; mais il y avait ce Brouillard, de part et d'autre de la région: tantôt une étendue vallonnée à perte de vue ou bien un océan sans fin... tantôt une véritable Barrière de brume dont personne, une fois franchie, ne revenait jamais. Il était apparemment possible d'y entrer mais pas d’en ressortir sans en payer le prix. Chernarus n’était de toute évidence plus la petite contrée campagnarde au sein de laquelle nous avions projeté de prendre du repos, c’était devenu… autre chose : un nexus, une convergence qui obéissait à ses propres règles. Et parmi celles-ci, il en existait une qui, je le crains, m’infligea sa marque, que je porte encore aujourd’hui. Un souvenir, bien gravé dans ma mémoire, que je peux résumer à une simple phrase : Les Arpenteurs et ceux qui leur sont liés de près comme de loin ne sont pas infaillibles ; il existe, à travers le Pluri-Cosmos, des entités, des peuples ou des choses dotés d’une conscience ou non qui sont tout à fait capables de maitriser eux aussi le Temps et l’Espace… et ceux qui jouent avec.
Chernarus, Terre de Mensonges, de coups bas, de trahisons… Un dépotoir du Multivers au fond duquel baignaient humains, non-humains, nécroïdes… et certainement ce qui avait poussé Realder Descendres à s’enfoncer dans les Brumes avant d’y être confronté, bien que je ne puisse pas vraiment définir de quoi il s’agissait. Seule, privée de ceux qui m’étaient chers, tourmentée par la nature sauvage de la Chernarussie, par les Grisâtres et par quelques-uns de mes pairs (des survivants qui avaient choisi la solution de la facilité), incapable de retrouver Realder ou de m’éclipser hors de cette Réalité à sa manière, je me suis peu à peu écartée des grands axes pour m’installer dans son campement de fortune, dernier endroit où il avait été aperçu, si proche de la frontière Nord que je côtoyais presque chaque nuit la Brume aux reflets d’argent.
Peut-être est-il préférable que j’admette dès maintenant que j’ignore tout des causes et conséquences qui m’ont permis de quitter cette prison. Comme pour bon nombre d’autres sujets, je ne peux qu’émettre des hypothèses, qui sont, pour la plupart, liées à ceux et celles que j’avais rencontré dans cet Enfer et à la nature malsaine de ce lieu, que d’autres considèreront sans doute comme un cadeau des Dieux. Car il y a bien un détail que j’ai omis de préciser : en Chernarus, la mort n’existait pas, ou du moins était-elle altérée de quelque manière que ce soit. Combien de fois me suis-je relevée sur cette même plage battue par les vents après avoir été attaquée par des loups, après avoir été mordue, griffée jusqu’à l’os par ces nécroïdes immondes ? Les radiations de Tisy ont eu raison de moi au moins une fois et je n’effacerai pas la sensation laissée par la balle brulante de Yinho Mokoto alors qu’elle me traversait le crane. Nous étions tous prisonniers de Chernarus et partagions cette fausse immortalité… Mais je reste convaincue, à titre personnel, que cela n’avait rien à voir avec le cauchemar qui hante parfois mes nuits et que j’ai déjà mentionné: ce dernier et ce qu’il représente, dépasse en perversité et en souffrance tout ce que Chernarus pouvait réserver, je le crains.

Je m’en suis néanmoins sortie, bien qu’il ne s’agisse de toute évidence pas de mon fait. La... boucle temporelle qui définissait (et qui définit peut-être encore) l'Île des Morts était de toute manière vouée à être fragilisée, voire détruite. Car d'autres que moi souhaitaient également s'échapper ou du moins comprendre le fonctionnement de la physique dénaturée de Chernarus. Parmis tous ces survivants, il en existait une poignée qui travailla à mes cotés afin de faire tomber ce mur d'Ether impur et c'est vraisemblablement grâce à leurs recherches et à leur mise en application que je me retrouve désormais loin de ces terres désolées. Le docteur Watson alias Olikotora, Rohiro Takesha, Yungvarr Ironbear, Gitanos... voici les noms de ceux qui m'ont aidé à atteindre mon objectif, certainement à force d'entamer chaque jour un peu plus profondément les Membranes qui nous retenaient là-bas.
Sans doute pourrais-je encore écrire et tergiverser des heures durant, coucher sur le papier les innombrables détails qui m’ont amené là où je suis actuellement en cet instant précis, mais je n’en ai ni le temps ni l’envie et je ne souhaite pas non plus vous l’imposer. A peine avais-je ressenti la Brume devenir moins dense que je me précipitais déjà dans ses volutes inconnues, grisée par un sentiment d’urgence absolue : "maintenant ou jamais". Peut-être aurais-je pu m’engager sur cette voie depuis le début… Peut-être aurais-je pu briser le joug qui nous retenait si j’étais restée quelques instants de plus ; ces questions devront se passer de réponses : j’ai agi à ma manière, portée par mes émotions et par une impulsion sauvage et c’est bien là ma seule certitude. Ma vision s’est troublée, le monde est devenu noir : c’est la dernière chose dont je me rappelle à propos de Chernarus.

Et nous y voici. Un dernier Deus Ex Machina m’a ramené près de l’Amérique, sur un petit archipel d’îles plus ou moins francophones dont la majeure partie est occupée  par des cités portuaires plus ou moins prospères et où l’argent en général y est obtenu de manière plus ou moins légale d’après ce que j’en ai compris. Sans doute aurais-je pu vous informer de cela d’une manière moins abrupte (raconter ainsi mon passé pour dériver si rapidement et sans transition sur mon présent n’est pas dans mes habitudes) mais il s’agit de la meilleure solution, croyez-moi. Car je n’ai, pour ne pas changer, aucune certitude sur la manière dont j’ai atterri ici depuis Chernarus. Ce dont je suis certaine en revanche, c’est que j’ai bien les pieds sur Terre, du moins sur une version du Monde-Clé identique à celle que je connais. Je dois bien admettre qu’il m’a fallu plusieurs mois pour reprendre une vie que je n’oserai pas encore qualifier de "normale". Je pense néanmoins pouvoir être excusée après vous avoir raconté par ou j’en suis passée pour en arriver là… Et sans doute aurais-je pu me convaincre que Chernarus n’était qu’un long cauchemar s’il n’y avait pas eu Waam.
Waam Eyalo. Son nom exotique, sa voix quelque peu stridente et sa façon de penser ne participent qu’en partie à l’étrangeté de celle que vous pourriez qualifier de blonde extravertie. J’ai connu Waam en Chernarus et les évènements qui se sont déroulés là-bas puis son arrivée ici l’ont certainement chamboulé au point de la faire changer du tout au tout. Je suppose que j’ai changé aussi bien entendu : de telles expériences laissent des séquelles et je parie la Mustang de Realder que la plupart d’entre vous ou la totalité sont désormais persuadés de ma folie si ce n’était pas déjà le cas. Mais bien que je n’ai jamais vraiment pu considérer Waam comme une amie (ce mot revêt une importance capitale à mes yeux et j’ai beaucoup de mal à l’utiliser avec légèreté), j’étais finalement parvenue à éprouver de l’affection pour elle. Cette affection a fondu comme neige au soleil depuis quelques temps. C’est en grande partie de ma faute, j’en suis consciente. Mais je ne puis changer ce que je ressens : Waam Eyalo, bien qu’elle n’en soit aucunement responsable, est un rappel constant de ce qui s’est passé et de ce qui n’a pas eu lieu là-bas, sur l’Île des Morts : elle est le couteau qui remue dans la plaie, le tissu qui irrite la cicatrice laissée par Chernarus. Elle-même n’a rien à regretter de cette prison. Moi en revanche, c’est Realder, Widow, Eva, Cold et les autres Arpenteurs que je vois dans son ombre.
Mais je m’égare. Autant en terminer au plus vite, car je n’ai que trop abusé de votre patience. "Trêves de tergiversations, mon temps est précieux" comme aurait dit Realder. Je suis seule, c’est un fait. Tout comme en Chernarus, je suis privée des miens, je ne dispose cette fois-ci même pas d’une once de ce… pouvoir que je pouvais parfois presque ressentir alors que je hurlais face au Brouillard maudit. La seule chose qui me permet de garder espoir et qui me raccroche encore à mon passé lacunaire et jonché de parcelles de néant, à l’exception de Waam et de mes souvenirs (qui, je tiens à le rappeler, pourraient tout aussi bien être factices), c’est ce que j’ai trouvé, non sans plaisir, sur un compte à mon nom, alors que je me préparais à déverser un flot de mensonges à la banque centrale de l’une de ces petites îles. Car toute Arpenteuse que je sois, folle à lier ou en pleine possession de mes moyens cognitifs, évadée de Chernarus ou prisonnière de mes rêves, Lame Sombre, Poupée de chair ou jeune femme un brin trop aventureuse, ici-bas, l’argent reste maitre de tout destin. Et lorsqu’on me certifia que j’en disposais d’assez pour finir mes jours tranquillement -bien qu’uniquement valable au sein de la juridiction de Los Santos- selon les termes d’un contrat dont je n’avais aucune connaissance et dont les garants n’étaient autres que Blackmesa, je ne pus que fondre en sanglots. Certainement de soulagement bien que l’épuisement, la colère et la peur s’en soient certainement mêlés.
Je ne suis pas naïve à ce point : aujourd’hui, avec du recul, je suis tout aussi capable que vous de constater qu’il y a anguille sous roche : l’existence d’une telle somme d’argent à mon nom (dont je ne chiffrerai pas le montant), utilisable uniquement sur l’île sur laquelle je me suis réveillée après avoir été coincée pendant près d’un an en Chernarus induit forcément que quelqu’un ou quelque chose savait qui j’étais, où j’étais et ou j’allais. J’ai cependant choisi d’imaginer que mon ange gardien n’était autre que l’un des Arpenteurs, ou bien mon cher Realder Descendres lui-même, plutôt que de considérer cette autre possibilité : celle de n’être qu’une pièce d’une partie d’échecs dont l’issue me demeurera incertaine jusqu’à la fin.

Telle est mon histoire, ou plutôt les fragments cette dernière, mis grossièrement bout à bout. Lorsque j’écrivais dans mon journal par le passé, j’avais souvent pour habitude de terminer mes chapitres de manière quelque peu solennelle, voire mystique, tout comme Realder le faisait. Aujourd’hui, il n’en sera rien.

Rideau.
Frannie Icesinger
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